La vie n'est qu'un souffle...
Ce matin j'ai eu l'impression de me réveiller d'un cauchemar.
Mais le cauchemar était bien réel.
Et pourtant, je ne peux m'empêcher d'être reconnaissante.
Je ne peux m'empêcher de me dire que sans ce petit souffle de vie, il n'y aurait même plus eu de cauchemar.
Tout se serait arrêté.
La joie dans mes yeux.
Mon espoir en la vie.
Ma confiance en l'avenir
Mon existence.
Tout se serait éteint.
Malgré tout, j'ai ce goût amer dans la bouche qui m'empêche d'oublier que la vie est cruelle.
Comme si elle aimait nous rappeler à n'importe quel moment que nous ne la contrôlons pas.
Un claquement de doigts et elle nous montre qu'elle peut nous quitter, juste comme ça, sans prévenir.
J'ai des larmes en travers de la gorge qui m'empêchent de respirer.
La dernière fois, j'avais cru qu'il allait mourir.
Cette fois j'ai cru qu'il était mort.
Là est toute la différence...
"Jamais je n'arriverai à m'en remettre."
Une phrase toute simple, dite en sanglot alors qu'il est là, allongé sur la table de la cuisine, bleu, immobile, les paupières fermées.
Et je vois Victor tenter de le ramener à la vie. Je vois le lait qui sort chaque fois un peu plus de son nez.
Je les regarde à travers une fenêtre, à travers un filtre. Je vois flou, saccadé et j'imagine ma vie sans lui.
Impossible.
"Jamais je n'arriverai à m'en remettre."
Une phrase toute simple et qui pourtant veut dire tellement de choses.
J'entends Victor appeler Sacha, lui ordonner de revenir avec nous, je m'approche mais il est toujours absent.
Et puis les paroles de Victor changent et je comprends qu'il a ouvert les yeux.
A peine un millimètre, mais ça suffit pour me convaincre que non, ce n'est pas fini.
Et puis j'entends une petite voix qui tente de pleurer.
Et alors que les minutes d'avant ont duré une éternité, celles-là passent très vite.
En un battement d'aile, Sacha est dans ses bras, je me joins à eux et murmure toujours dans mes sanglots :
"Jamais je ne pourrai te remercier assez".